Gefitinib et afatinib semblent efficaces contre le cancer de la tête et du cou des patients atteints de l’anémie de Fanconi
- Montanuy, Á. Martínez-Barriocanal, J. A. Casado, L. Rovirosa, M. J. Ramírez, R. Nieto, C. Carrascoso-Rubio, P. Riera, A. González, E. Lerma, A. Lasa, J. Carreras-Puigvert, T. Helleday, J. A. Bueren, D. Arango, J. Minguillón, J. Surrallés
https://clincancerres.aacrjournals.org/content/early/2020/01/31/1078-0432.CCR-19-1625.full-text.pdf
Clinical Cancer Research– 2020; 19 : 1625.
L’étude décrite dans cet article cherche à identifier parmi les molécules déjà utilisées dans le traitement de certains cancers, celles qui pourraient être efficaces pour traiter les cancers de la tête et du cou des patients Fanconi. Deux molécules, Gefitinib et afatinib, ont été sélectionnées par cette étude.
Contexte
Les personnes atteintes d’anémie de Fanconi (AF) ont un risque 500 à 700 fois plus élevé de développer un carcinome épidermoïde oral (SCC) que la population générale. L’apparition d’un SSC est aussi beaucoup plus précoce et les options thérapeutiques plus limitées que pour la population générale. La détection et le traitement du SCC et de ses précurseurs à un stade précoce chez les patients sont essentiels pour appliquer les options thérapeutiques curatives. Malheureusement, les SCC ne sont diagnostiqués aux premiers stades de la maladie que chez une minorité de personnes atteintes d’AF. Trop de cancers sont diagnostiqués en grade IV c’est-à-dire très tard.
De plus, les biopsies tissulaires recommandées par les directives nationales ne sont souvent pas réalisables, en raison de fréquentes et de multiples lésions buccales.
Nouvelles données
Dans une première étape, un test de toxicité d’un grand nombre de traitements déjà connus et utilisés dans d’autres cancers a été réalisé sur des cellules de patients Fanconi établies en culture. Deux molécules, Gefitinib et Afatinib, ont été sélectionnées (ce sont des inhibiteurs de la voie de signalisation du récepteur à l’EGF, epidermal growth factor). Elles ont reçu les approbations de la FDA (Food and drug administration) et de l’EMA (European Medecine Agency)
Dans une deuxième étape, ces deux molécules ont été testées sur la croissance de tumeurs Fanconi chez la souris. Les chercheurs ont regardé si l’injection des deux molécules avait un effet sur la croissance des tumeurs greffées chez la souris. Les résultats montrent qu’effectivement l’injection de ces molécules diminuent la croissance des cellules tumorales FA chez la souris. De plus, elles n’activent pas les voies de signalisation caractéristiques des cellules FA et n’augmentent pas la fragilité chromosomique observée chez les FA.
Conclusion
Cette étude préclinique suggère que l’utilisation de ces 2 molécules, déjà approuvées par la FDA et l’EMA et donc utilisables de suite, pourrait faire partie d’un essai clinique chez les patients FA développant un cancer de la tête et du cou (HNSCC).
Article résumé et traduit par Dominique Duménil et Françoise Moreau-Gachelin, chercheuses à Sciens’as