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Mai 2020 – Détection précoce du cancer oral grâce aux biopsies à la brosse

By 15 mai 2020mai 25th, 2020No Comments

Diagnostic précis par cytologie sur la biopsie à la brosse pour la détection précoce du cancer oral et de ses précurseurs dans l’anémie de Fanconi

  1. Velleuer, R. Dietrich, N. Pomjanski, I.K. de Santana Almeida Araujo, B.E.Silva de Araujo, I. Sroka, S. Biesterfeld, A. Böcking, et M. Schramm.

Cancer Cytopathology– 2020 ; 0 :1-11.

https://acsjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/cncy.22249


La présente étude décrit une stratégie alternative à la biopsie tissulaire pour détecter précocement le cancer oral dans la maladie de Fanconi. Elle montre que la cytologie réalisée sur des biopsies réalisées à l’aide de brosses est d’une grande précision diagnostique.

Contexte

Les personnes atteintes d’anémie de Fanconi (AF) ont un risque 500 à 700 fois plus élevé de développer un carcinome épidermoïde oral (SCC) que la population générale. L’apparition d’un SSC est aussi beaucoup plus précoce et les options thérapeutiques plus limitées que pour la population générale. La détection et le traitement du SCC et de ses précurseurs à un stade précoce chez les patients sont essentiels pour appliquer les options thérapeutiques curatives. Malheureusement, les SCC ne sont diagnostiqués aux premiers stades de la maladie que chez une minorité de personnes atteintes d’AF. Trop de cancers sont diagnostiqués en grade IV c’est-à-dire très tard.

De plus, les biopsies tissulaires recommandées par les directives nationales ne sont souvent pas réalisables, en raison de fréquentes et de multiples lésions buccales.

Nouvelles données

Cette étude est la première à utiliser la cytologie appliquée à la biopsie à la brosse pour rechercher les lésions buccales chez les personnes atteintes d’AF. Les cellules présentes sur la brosse sont récupérées, traitées par des colorants spécifiques puis observées au microscope par des cytopathologistes. Les caractéristiques morphologiques des cellules permettent de les classifier en catégories dites normale, atypique (dyskaryose superficielle), suspecte (cellules de type parabasal ou seulement quelques cellules malignes) et positive (présence de cellules malignes). Cette technique présente de nombreux avantages : la procédure est non invasive, bien tolérée par les patients, ne nécessite pas de traitement médical supplémentaire, est simple et peu coûteuse à mettre en oeuvre et donc applicable à une large cohorte de patients FA.  MéthodeSur une période de 12 ans, les cavités buccales d’une cohorte de 713 patients atteints d’AF ont été inspectées et une cytologie de 1233 lésions buccales visibles a été réalisée, basée sur la biopsie à l’aide de brosses. L’étude a recensé des lésions chez 279 patients avec un total de 737 lésions analysées par cytologie à l’aide de brosse, dont 86 lésions avec au moins une dysplasie épithéliale buccale de haut grade chez 30 patients. En cas de cytologie non concluante, une analyse de l’ADN a été réalisée chaque fois que possible. Les résultats ont été corrélés à une norme de référence de suivi clinicopathologique à long terme.  RésultatsPour la cytologie, la sensibilité (nombre de cas positifs correctement diagnostiqués) était de 97,7% et la spécificité  (nombre de cas sains identifiés correctement) était de 84,5%. Une analyse supplémentaire de la ploïdie de l’ADN a augmenté la sensibilité et la spécificité respectivement à 100% et 92,2%. Environ 63% des SCC et des lésions précurseurs sont détectés à un stade non invasif ou précoce. Une cytologie négative permet d’exclure la dysplasie épithéliale buccale de haut grade avec une grande précision.

Conclusion

Les lésions buccales visibles chez les patients atteints d’AF sont très souvent multiples et présentent une évolution chronique. Par conséquent, les biopsies histologiques invasives ne sont pas optimales pour des investigations répétées. Nous pensons que la présente étude est la première à démontrer que la cytologie basée sur la biopsie des brosses buccales avec analyse de la ploïdie de l’ADN est une alternative hautement sensible et spécifique, non invasive, qui peut être utilisée pour détecter le SCC oral et les lésions précurseurs chez les personnes atteintes d’AF. Concomitante à une inspection visuelle minutieuse de la cavité buccale, la procédure de biopsie à la brosse identifie les lésions buccales visibles et potentiellement malignes nécessitant un traitement. Environ 63% de tous les patients atteints de SCC et de lésions précurseurs ont été détectés à un stade non invasif ou précoce en utilisant cette approche de dépistage opportuniste. Une cytologie négative ou un manque d’aneuploïdie d’ADN a exclu les patients atteints de dysplasie épithéliale buccale (OED) ou de carcinome épidermoïde oral (SCC) de haute qualité avec une grande précision et a ainsi réduit le besoin de biopsies diagnostiques invasives dans la période de suivi.

Article résumé et traduit par Dominique Duménil et Françoise Moreau-Gachelin, chercheuses à Sciens’as