Un très bel article sur l’évolution clonale dans la maladie de Fanconi a été publié en février dans une revue de référence, Cell Stem Cell, et a été salué par l’ensemble de la communauté internationale familière avec la maladie de Fanconi.
Il est le fruit d’un travail d’équipe sous la conduite de Jean Soulier, une équipe qui comprend plusieurs chercheurs qui ont bénéficié de financements de la part de l’AFMF, Dominique Bluteau, Claude Gazin et Régis Peffault de Latour.
Il avait été précédemment montré que la réponse p53 (gène suppresseur de tumeur) soutenue observée dans les cellules souches/progénitrices hématopoïétiques des patients Fanconi agit comme une puissante barrière anticancéreuse contre l’instabilité génomique intrinsèque induite par l’AF, mais contribue à l’aplasie médullaire. Dans cet article, les auteurs ont découvert que la trisomie 1q (cellules dites 1q+) est l’événement le plus fréquent et le plus précoce dans l’histoire naturelle de l’évolution de la moelle osseuse dans l’Anémie de Fanconi, entraînant l’expression forcée de l’oncogène MDM4 et réprimant la réponse p53 basale. Cette atténuation de p53 confère un avantage certain aux cellules 1q+ par rapport aux cellules FA, déclenchant la survie des cellules souches/progénitrices et l’expansion clonale des cellules 1q+ phénotypiquement normales, démontré expérimentalement in vitro et in vivo. En revanche, des événements supplémentaires tels qu’une trisomie 3q+, une délétion del7q/-7 et l’inactivation de RUNX1 ont été corrélés avec l’évolution blastique, ce qui a entraîné une greffe de moelle osseuse à court terme. Suite à leurs travaux, les auteurs émettent des nouvelles recommandations pour la surveillance de l’état de la moelle osseuse. Les résultats de cet article ouvrent des perspectives d’utilisation des inhibiteurs de MDM4 sur les patients atteints de cette maladie rare.